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Article d’opinion hiver/crise énergétique

Crise énergétique hivernale : Lode Godderis sensibilise les employeurs et les travailleurs aux risques d’une politique d’économies irréfléchie

« Les employeurs et les travailleurs dont les économies d’énergie se résument à éteindre le chauffage risquent de payer deux fois plus en matière de bien-être. Trouver cet équilibre sera l’un des défis de cet hiver. » - Lode Godderis, CEO du service externe de prévention IDEWE

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À l’approche de l’hiver, la crise énergétique contraint inéluctablement les entreprises et les travailleurs à prendre des mesures d’économie importantes. Et bien que je ne veuille pas remettre en cause l’absolue nécessité de cette démarche, je remarque qu’en pratique, de nombreux employeurs ne réfléchissent pas encore suffisamment à la manière de procéder. Parfois parce qu’ils n’y pensent pas ou parce qu’ils ne savent pas comment faire, ou par peur de devoir admettre explicitement devant les travailleurs combien la situation est problématique. Même s’il ne s’agit pas de mauvaise volonté, je voudrais plaider en faveur d’une politique d’économies d’énergie réfléchie et transparente, tant au bureau qu’en télétravail.

 

« Je suis fermement convaincu que les travailleurs sont réellement favorables aux économies d’énergie au bureau, pour autant que les employeurs mettent en œuvre des mesures justes et les communiquent clairement. »

 

Commençons par les bonnes nouvelles : je suis intimement persuadé que chacun est conscient de l’importance des économies d’énergie, et les travailleurs ne font pas exception. Ils vivent en effet la même situation à la maison. Cependant, les employeurs doivent toujours veiller à obtenir le soutien de leurs travailleurs, et ce, en prenant des mesures justes et intelligentes, en les communiquant de manière claire et correcte et en reconnaissant les efforts de chacun. C’est souvent là que le bât blesse.

Chaque entreprise a sa propre interprétation de ce qu’elle considère comme des « mesures justes et intelligentes ». Bien entendu, elle est tenue de respecter la législation en vigueur relative aux températures. Cependant, en fonction de ses propres paramètres, l’entreprise doit avant tout s’efforcer de prendre des mesures qui soient réalisables, utiles et acceptables. Un exemple : la température minimum légale pour un travail de bureau « très léger » est de 18 degrés, et de 16 degrés pour un travail de bureau « léger ». Mais parallèlement, nous savons que la concentration d’une personne moyenne baisse déjà considérablement lorsque le mercure descend en dessous des 19 degrés, et celle des personnes frileuses encore bien plus tôt. Par conséquent, une diminution d’un ou deux degrés peut déjà coûter cher à l’employeur en termes de perte de productivité.

 

« Certaines entreprises chauffent à 19 degrés tous les jours pour un taux d’occupation de 20 % alors qu’il serait préférable de chauffer à 21 degrés deux jours par semaine pour toute l’équipe. »

 

Sur le plan physique aussi, des économies excessives sont contre-productives. Des températures trop basses causent des maladies et des troubles physiques susceptibles d’entraîner de l’absentéisme. Je constate déjà dans de nombreuses entreprises que l’une des conséquences positives du coronavirus, à savoir la sensibilisation à l’importance de la ventilation, a tendance à disparaître sous prétexte qu’il faut réaliser des économies. Cependant, un air de mauvaise qualité est au moins aussi néfaste qu’un air trop froid. Cela pourrait donner un cocktail explosif, d’autant que le coronavirus reste très imprévisible.

 

En outre, les employeurs doivent vraiment évaluer jusqu’à quel point les travailleurs sont prêts à fournir des efforts, puis communiquer clairement leurs décisions et leurs attentes à l’égard de chacun. L’idée n’est certainement pas de baisser le chauffage et de laisser chacun apporter sa chaufferette personnelle, par exemple.

Heureusement, il existe de nombreuses optimisations qui rendent tout beaucoup plus supportable, mais je vois encore trop peu d’employeurs qui sensibilisent réellement leurs travailleurs. Même sur ce qui semble évident : des sous-vêtements thermiques avec une valeur clo1 adaptée ont beaucoup plus d’effet qu’un gros pull, par exemple. Nous ferions mieux de rebaptiser la #journeegrospull en #journeesousvetementsthermiques. Et en ce qui concerne le travail hybride : certaines entreprises chauffent à 19 degrés pour un taux d’occupation de 20 %, alors qu’elles pourraient parfaitement chauffer leurs bureaux deux jours par semaine à une température agréable de 21 degrés pour toute l’équipe. Pour peu que l’attention nécessaire soit accordée à la prévention des infections, il s’agit à la fois d’une mesure d’économie d’énergie et de confort.

 

« De nombreux travailleurs se rendent compte qu’ils se sentent mieux et plus productifs avec un degré de moins. Mettons ces enseignements positifs à profit pour l’avenir. »

 

J’aimerais également terminer sur une note positive. À l’instar du coronavirus qui nous a permis d’instaurer le travail hybride et de porter notre attention sur la ventilation, la crise énergétique montre déjà quelques premiers effets secondaires positifs. Les récents appels de Comeos et de l’UNIZO à laisser les portes des magasins fermées, par exemple, est une très bonne chose pour notre climat. En outre, sur certains lieux de travail, il a souvent fait trop chaud, et de nombreux travailleurs se rendent désormais compte qu’un degré de moins les fait se sentir mieux et plus productifs. Même si la période est difficile, mettons à profit ces enseignements et les autres à venir. Il serait regrettable que nous reprenions nos mauvaises habitudes lorsque les prix de l’énergie diminueront.

(1) Le clo est une unité de confort thermique facile à comprendre : 1 clo représente l’isolement vestimentaire nécessaire pour maintenir l’équilibre thermique d’une personne au repos à une température intérieure de 21 degrés. En règle générale, une variation de température de 1 degré nécessite une augmentation ou une diminution de 0,18 clo de l’isolement vestimentaire. Si la température de la pièce descend à 16 degrés, la valeur d’isolement nécessaire passe dès lors à 1,9 clo. Si la température baisse à 10 degrés, l’isolement nécessaire est de 3 clo.

Si vous souhaitez obtenir un entretien avec Lode, contactez LVTPR par e-mail à l’adresse IDEWE@lvtpr.com ou par téléphone au 0475 46 56 08 (Camille Vandenheede) ou au 0477 98 32 32 (Anouk Steenackers).