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La protection de la maternité commence avant la conception

- Travailleurs en bonne santé | Environnement de travail sain | Travail en toute sécurité | Sécurité au travail | Gestion de vos risques

Expert Lode Godderis

CEO d'IDEWE

N’attendez pas que votre travailleuse soit enceinte pour effectuer une analyse de risques

La protection de la maternité est primordiale pour garantir que les jeunes mères, les futures mères et leurs enfants à naître soient et restent en bonne santé. « Certaines substances et conditions de travail peuvent également nuire à la fécondité. En tant qu’employeur, vous ne devriez donc pas attendre qu’une travailleuse annonce sa grossesse pour procéder à une analyse de risques », explique Lode Godderis, professeur en médecine du travail et directeur de la recherche.

Au cours des huit premières semaines de la grossesse, l’embryon est le plus vulnérable aux dommages causés par des facteurs externes.

Au cours des huit premières semaines de la grossesse, l’embryon est le plus vulnérable aux dommages causés par des facteurs externes. Comme les organes sont formés pendant cette période, certaines substances peuvent provoquer des troubles de la croissance et des malformations. « Nous connaissons les effets problématiques de certaines substances reprotoxiques pendant la grossesse. La mention de danger H360-362 sur la notice vous en informe. Toutefois, le problème est que pour de nombreuses substances, les effets reprotoxiques sont mal connus ou il n’existe pas encore de consensus européen sur la classification, par exemple pour les perturbateurs endocriniens. »

Épigénétique

En outre, le danger ne réside pas uniquement dans les substances qui altèrent le code génétique. Les conditions de vie au travail et le mode de vie de la mère peuvent influencer la réaction des gènes. « Cela relève du domaine de l’épigénétique. Nous ne parlons plus de changements et de dommages dans les gènes, mais de la manière dont les gènes sont activés et désactivés et de leur lecture correcte ou non. C’est précisément au moment de la conception et pendant la grossesse que les gènes sont constamment activés et désactivés. Les cellules se voient ainsi attribuer une fonction telle que cellule de la peau ou du cœur. Une erreur dans le mécanisme de lecture peut empêcher le décodage de certains gènes. Il en résulte la formation de cellules dont la croissance n’est pas (suffisamment) ralentie. C’est par exemple le cas des cellules cancéreuses. »

L’hiver de la faim

Dans le ventre de notre mère, nous sommes préprogrammés pour la vie qui nous attend.

Dans ce contexte, il est particulièrement intéressant de savoir ce qui est arrivé aux femmes enceintes pendant l’hiver de la faim aux Pays-Bas en 1944-45.

« Non seulement elles, mais aussi les embryons dans leur utérus ont été sous-alimentés. Nous constatons aujourd’hui que ces personnes sont plus exposées aux maladies cardiovasculaires. On a longtemps cherché une explication, et elle relève en partie de l’épigénétique. »

« Dans le ventre de notre mère, nous sommes préprogrammés pour la vie qui nous attend. Durant l’hiver de la faim, il s’agissait d’une vie de grande famine dans des circonstances très difficiles. Les études ont démontré que chez ceux qui étaient dans le ventre de leur mère à cette époque, la lecture des gènes qui interviennent dans la sensation de satiété et la régulation des graisses est différente, ce qui devait les protéger dans les périodes difficiles. Ils étaient, pour ainsi dire, épigénétiquement préprogrammés pour vivre avec peu de nourriture. Mais au lieu de mourir de faim, ils ont pu grandir dans les années soixante, une période d’abondance. Cela les a rendus plus vulnérables aux maladies cardiovasculaires et au diabète. »

Quelles sont les substances reprotoxiques ?

« Les études montrent que notre mode de vie a non seulement des conséquences sur l’activation et la désactivation de certains gènes et donc sur notre santé, mais aussi sur la santé de notre progéniture. En d’autres termes, il vaut mieux réfléchir aux substances auxquelles nous sommes exposés au travail. Nous devons également examiner plus en détail dans quelle mesure un mode de vie sain peut compenser ces problèmes. »

« Quoi qu’il en soit, je recommande aux employeurs de ne pas attendre l’annonce d’une grossesse pour effectuer une analyse de risques approfondie sur la présence de substances reprotoxiques. »

Regardez la conférence (en néerlandais) que Lode Godderis a donnée à ce sujet pour l’Universiteit van Vlaanderen.

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