Un an après la modification de la loi sur l’ergonomie

Expert Kristien Selis
Responsable de la discipline Ergonomie
Une dynamique positive qui devrait porter ses fruits dans la prévention des TMS
Même s’il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de la modification de la loi sur l’ergonomie après seulement un an, il y a déjà suffisamment de signes positifs qui montrent que les employeurs se sont mis au travail, explique Kristien Selis, responsable de la discipline ergonomie chez IDEWE. « Nous constatons que les entreprises qui intègrent l’ergonomie dans leur politique de bien-être voient le nombre de plaintes pour TMS diminuer de manière significative. »
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Il y a un peu plus d’un an, le législateur a apporté des modifications importantes au livre VIII du code de bien-être au travail. Depuis le 25 mai 2024, les employeurs sont tenus d’adopter une approche préventive et structurée en matière de troubles musculosquelettiques (TMS). Ils doivent le faire en tenant compte des principes ergonomiques lors de la conception, de l’aménagement et de l’adaptation des postes de travail. Et ce n’est pas trop tôt, car les TMS sont, avec les troubles psychosociaux, la principale cause d’absentéisme de longue durée au travail.
« Les employeurs doivent désormais traiter l’ergonomie comme ils traitent, par exemple, la sécurité au travail ou la charge psychosociale : de manière stratégique, sur la base d’une analyse de risques ergonomiques, tels que le levage, la poussée, la traction, les mouvements répétitifs ou la position assise/debout prolongée. En soi, une analyse de risques était déjà obligatoire, mais un nouveau chapitre « dispositions générales » met désormais davantage l’accent sur ce point. L’analyse de risques doit être évaluée chaque année afin de pouvoir servir de base à une politique dynamique en matière d’ergonomie. Sur la base des résultats de l’analyse de risques, des actions ciblées doivent en effet être planifiées et faire l’objet d’un suivi. Il n’est donc plus possible d’attendre que des problèmes surviennent pour intervenir de manière réactive. Il appartient au conseiller en prévention de prendre les mesures nécessaires et, en cas de manque de connaissances, de se faire assister par un ergonome compétent afin de garantir l’efficacité des mesures de prévention. »
Signaux positifs
« Il n’est pas illogique que les entreprises qui ne s’étaient pas encore penchées sur la question dans le passé ne soient pas encore les meilleures élèves en l’espace d’un an », explique Kristien. « Chez IDEWE, nous constatons toutefois que de nombreux employeurs ont pris conscience de la situation et cherchent actuellement à optimiser leur politique en matière de bien-être. Nos ergonomes constatent une demande croissante d’information et de soutien, ce qui portera sans aucun doute ses fruits. L’ergonomie est un concept large qui va au-delà de la prévention des problèmes biomécaniques causés par une mauvaise posture ou les conséquences d’un travail impliquant de soulever et de porter des charges lourdes. Il y a également une composante psychosociale. Si les personnes se sentent bien dans leur travail, les douleurs cervicales et dorsales auront un impact différent sur l’absentéisme, par exemple, que si elles se sentent livrées à elles-mêmes. »
Audit en matière d'ergonomie
Comme le législateur encourage une politique ergonomique dynamique, le soutien commence toujours par un audit. « Nous examinons les initiatives déjà prises par l’entreprise. Souvent, l’ergonomie est déjà mentionnée dans le plan d'action annuel, mais il s’agit tout au plus d’actions isolées qui ne reposent pas sur une vision ou qui n’ont pas d’objectif précis. La mesure de référence sert ensuite de base pour élaborer une stratégie intégrée dans la politique générale de bien-être. C’est aussi un moyen de mettre en évidence les points sensibles et de faire vivre la discipline ergonomique dans une entreprise. »
Ne rien faire coûte cher
En tant qu’économiste de la santé, Jonas Steel d’IDEWE, étudie les coûts et les avantages des efforts en matière de bien-être. « Même si l’impact de la nouvelle législation est encore difficile à évaluer à l’heure actuelle, nous savons, grâce à des études antérieures, ce que signifie pour un employeur d’investir dans une politique de bien-être intégrée », explique-t-il. « Les TMS sont l’une des principales causes d’absentéisme de longue durée Ils sont de plus en plus fréquents et cette tendance ne devrait pas s’inverser à court terme. Ne rien faire coûte très cher à la société et aux employeurs. Une étude belge a estimé que cela représentait 1 519 euros de coûts de santé directs par personne et par an et 3 247 euros par personne et par an en raison de l’absentéisme. Ces coûts sont en partie à la charge de l’employeur, sous forme de salaire garanti, et en partie à la charge de la sécurité sociale. La part de l’employeur ne cesse d’ailleurs d’augmenter. »
Approche préventive
« Chez l’un de nos grands clients du secteur de la logistique de détail, qui emploie 4 000 personnes, nous avons pu étudier l’évolution de l’absentéisme et des problèmes lorsque le problème est abordé avec une politique réfléchie et intégrée. Entre 2014 et 2022, l’entreprise a investi massivement dans des interventions, l’achat de matériel ergonomique, des campagnes de prévention et des supervisions par le médecin du travail. Un groupe de travailleurs effectuant des tâches impliquant des mouvements de levage et de portage a été soumis à des examens médicaux périodiques axés spécifiquement sur les TMS. En ce sens, ce cas a été un précurseur de ce que de nombreuses entreprises envisagent aujourd’hui, sous l’impulsion de la nouvelle législation. Au fur et à mesure de la mise en œuvre de la politique, les problèmes liés aux TMS et l’absentéisme ont systématiquement diminué. Si le taux d’absentéisme pour cause de troubles musculosquelettiques était resté stable, cela aurait coûté 1,6 million d’euros supplémentaires. »
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