Retour L’hypersensibilité ne constitue pas par définition un handicap sur le lieu de travail

L’hypersensibilité ne constitue pas par définition un handicap sur le lieu de travail

- Stress et burn-out | Organisation du travail | Recherche scientifique

Une nouvelle étude va au-delà des effets négatifs

L’hypersensibilité n’est pas toujours comprise, et encore moins valorisée. Les individus hautement sensibles (HSP) étant davantage sensibles aux stimuli, ils ont souvent tendance à se replier sur eux-mêmes en cas d’hyperstimulation. Des études antérieures ont démontré que cela peut avoir des effets néfastes pour le bien-être et les performances en milieu professionnel. Une nouvelle étude d’IDEWE, de la KU Leuven et de la VUB a toutefois permis de trouver des indications selon lesquelles les HSP, lorsqu’ils se trouvent dans les bonnes conditions de vie au travail, peuvent même être plus performants que les « non-HSP ».

L’hypersensibilité n’est pas une maladie, mais un trait de caractère inné.

Les deux études antérieures qui ont traité de la relation entre l’hypersensibilité et le bien-être lié au travail se concentraient surtout sur les conséquences négatives. Tinne Vander Elst, une des chercheuses d’IDEWE ayant réalisé l’étude explique : « Cette approche nous a frappés. L’hypersensibilité n’est pas une maladie, mais un trait de caractère inné. Nous savons en effet que les individus hypersensibles sont généralement des personnes serviables qui travaillent dur, qui sont capables de rester très concentrées et qui peuvent se montrer très créatives. Ils sont par exemple de bons observateurs des changements et peuvent donc réagir de manière adéquate aux erreurs commises et aux opportunités qui se présentent. Nous sommes partis de l’hypothèse que la réalité devait peut-être être nuancée davantage que ce que les deux études précédentes avaient mis en lumière. »

Dimensions de l’hypersensibilité

« Concrètement, nous voulions déterminer si l’hypersensibilité pouvait être à la fois un facteur de vulnérabilité et une ressource en situation professionnelle. À cette fin, nous avons étudié les données de 1109 personnes dans 9 organisations. Nous sommes parvenus à la conclusion que les HSP réagissent différemment, selon les caractéristiques de l’hypersensibilité pour lesquelles ils obtiennent des résultats élevés. L’hypersensibilité est caractérisée par trois dimensions. La facilité d’excitation mentale par des stimuli internes et externes, une sensibilité esthétique, à savoir le fait d’être rapidement touché par de la musique ou de l’art, et un faible seuil de perception, soit le fait d’être affecté par des stimuli externes comme une lumière vive, du bruit ou encore des tissus rugueux. »

L’hypersensibilité comme facteur de vulnérabilité et ressource

Pour les HSP, il est par ailleurs essentiel qu’ils prennent conscience des aspects de l’hypersensibilité qui les caractérisent.

Les chercheurs ont constaté que facilité d’excitation mentale était associée à une hausse de l’épuisement émotionnel (la principale dimension du burn-out) et à une plus faible serviabilité (par exemple, aider les collègues qui prennent du retard dans leur travail), tandis que la sensibilité esthétique s’accompagne d’un épuisement émotionnel plus faible. Les personnes présentant un score élevé en termes de facilité d’excitation mentale ou de faible seuil de perception sont davantage épuisées émotionnellement dans des situations présentant de nombreux facteurs de stress. La deuxième catégorie de personnes citées veulent à nouveau aider davantage dans des situations où sont disponibles de nombreuses ressources, telles qu’une forte autonomie et un soutien social élevé.

« La facilité d’excitation mentale se révèle être un facteur de vulnérabilité manifeste, alors que la sensibilité esthétique peut être considérée comme une ressource personnelle. Le faible seuil de perception est à la fois un facteur de vulnérabilité et une ressource personnelle, et la nature de ses conséquences dépend de la quantité de facteurs de stress et de ressources présents dans la situation de travail. »

La bonne personne au bon endroit

Maarten Sercu, un des chercheurs ayant réalisé l’étude, explique : « Sans vouloir tirer trop rapidement de grandes conclusions de cette première étude limitée, nous pouvons tout de même affirmer que de bonnes conditions de vie au travail sont importantes pour que chaque travailleur, qu’il soit hypersensible ou non, fonctionne mieux au travail. Pour les HSP, il est par ailleurs essentiel qu’ils prennent conscience des aspects de l’hypersensibilité qui les caractérisent. Ces aspects semblent en effet déterminer leurs réactions dans une large mesure. En ayant connaissance de ces éléments, ils pourront choisir un travail dans lequel ils peuvent s’épanouir ou donner une autre forme à leur travail. Prenons pour exemple parlant l’environnement de travail de développeurs de produits dans des organisations dans le secteur informatique ou du marketing, qui est entièrement adapté pour stimuler la créativité. »

« Les résultats de l’étude ont éveillé l’intérêt pour ce domaine de recherche. Il y a en effet des indications très claires que les HSP ne sont pas par définition de plus mauvais travailleurs que leurs collègues non-HSP. Ils disposent au contraire de certains talents qui, dans les bonnes conditions, leur permettent d’être plus performants que des personnes qui ne présentent pas d’hypersensibilité. »

Lisez ici l’article dans son intégralité (en anglais).

Ne manquez aucune information, abonnez-vous au bulletin d’information d’IDEWE

 

Des explications par des experts autonomes, dans un langage clair

Les dernières évolutions dans le domaine du bien-être et de la prévention

Toutes les modifications de la législation